Mode d'emploi. Faire grandir son agence : parlons équipe !

Dans ce 4e épisode, Grégory Pouy questionne Béatrice Pierrard (Chic), Nathaël Duboc (Gyro), Côme Jacobée (belazar) et Jan Belleti (Sixtine) sur la gestion de croissance d’une agence. Vous préférez la lecture à la vidéo ? Découvrez-en les grandes lignes dans cet article !

Comme pour toute entreprise, une agence a pour finalité le développement de son activité.

Celles et ceux qui sont passés par là le savent, ce n’est pas du gâteau ! Cela nécessite une analyse approfondie de son modèle, de ses objectifs et de ses ambitions afin de pouvoir mettre en place les stratégies gagnantes, adéquates à ses valeurs et modèle d’entreprise. Mais d’abord, quels conseils donner à celles et ceux qui veulent lancer ?

L’envie comme point de départ

La réponse est unanime. Pour se lancer dans une démarche de création d’agence, l’envie est la condition primordiale. Côme, co-fondateur de l’agence belazar amorce le sujet. « Je continue de penser que c'est un métier qui nécessite beaucoup d'implications intellectuelles et relationnelles. On a bien vu qu'il y a des modèles très différents, des structures spécifiques, des positionnements variés, mais c'est ce plaisir maintenu de travailler dans la communication : c'est l'énergie...

Nous sommes un très bon exemple : j’ai quitté TBWA avec Christophe Salpetrier, sans client. On a reconstruit une agence from scratch. La question est la suivante : Faut-il être le prince chez quelqu'un ou le roi chez moi pour tester le modèle ? Ne serait-ce que pour avoir les mains libres pour tester. L'installation d'une culture on sait que ce n’est pas 4 à 5 ans qu'il faut. C'est plutôt 10 à 15 ans et avoir le temps de cela c'est ce qu'il faut. Il faut l’accepter. Nous ne sommes pas des dirigeants qui brusquent les gens. Et s'il y avait quelque chose que nous voulions mon associé Christophe et moi-même, c'était justement de s'offrir ce temps-là. C'était fondamental ! »

Béatrice Pierrard, directrice générale de l’agence Chic acquiesce. « Cela prend beaucoup d'énergie. Il faut vraiment avoir envie pour faire en sorte que - quand tu proposes la énième recommandation à ton client que tu connais depuis 10 ans - il fasse encore wouah ! Ou qu'il ait encore confiance que tu peux lui apporter du jus. Je trouve cela très facile de se dire : OK, c'est un client acquis... on va servir de la soupe… C'est marrant, il y a un client qui m'a dit récemment : « Je ne comprends pas, j'ai toujours l'impression que l'on s'occupe mieux de moi quand je suis au cœur d'un pitch que quand je suis un client acquis » et j'ai trouvé que c'était très intéressant comme réflexion. »

"Je pense que sur le long terme c'est conserver un bon niveau d'exigences." -Béatrice Pierrard, directrice générale de l’agence Chic

Nathaël Duboc, directeur général de l’agence Gyro amorce le sujet avec un conseil.
« Le conseil que je donnerais, c'est de bien choisir son équipe : en tout cas le cœur. Ne pas le faire seul. Je crois que le fait de le faire à plusieurs avec une complémentarité de gens qui sont différents de soi, c'est super important. Il y a un vrai sujet sur le modèle business : est-ce que c'est une SA ? Une SAS ? Ou est-ce que c'est une SCOOP. Je crois que c'est intéressant aujourd'hui de se poser ces questions-là : de savoir comment fédérer un collectif au-delà du cœur. »

“C'est un métier qui est quand même aussi extrêmement exigeant et très complexe aujourd'hui.” - Nathaël Duboc, directeur général de l’agence Gyro

Pour Jan Belleti, co-fondateur de l’agence Sixtine, c’est une question d’équilibre. « Je dirais qu'un des points-clés, et cela revient à cette notion d'être le plus proche de ce que l'on est vraiment, est d'arriver à trouver dans quoi on est le meilleur. Parce que c'est vraiment dedans que l'on va s'éclater, que l'on va montrer plus d'enthousiasme aux clients et aux équipes.

Dans la réflexion, il y a déjà - quand on monte un nouveau projet - de trouver dans quoi on est le meilleur, dans quoi on a le plus d'enthousiasme et d'énergie à apporter. Et puis, il faut vérifier que ce besoin-là soit en adéquation avec un besoin client : un besoin marché. C'est donc cela qui est une adéquation constante et qui est un peu les deux : un numéro d'équilibriste entre « J’ai envie de faire de la pub, mais est-ce que je suis bon dans ce domaine ? » et « Est-ce que cela correspond à un besoin du marché ? ». Pour moi, le double raisonnement est là-dedans.

“Et l'on s'équilibre entre ce que l'on a vraiment envie de faire : est-ce que l'on est bon dans ce domaine ? Est-ce que cela correspond à un besoin du marché ?” - Jan Belleti, co-fondateur de l’agence Sixtine

Grandir et se développer : l’équipe comme pilier

Côme répond : « Nous ne sommes pas du tout une agence qui travaille sur les points faibles des salariés. Tous les investissements en termes de business sont sur l'humain : recruter des talents et faire en sorte que notre clé d'entrée soit l'intelligence et la créativité. Et depuis sept ans, cela nous a finalement permis de consolider l'agence. En fait, cela n'a jamais été un stress pour nous d'embaucher. Il y a vraiment cette logique-là et la conviction d'avoir la nécessité d'apporter des équipes pour pouvoir grandir, plutôt que de se dire qu'il faut pousser au max, entrer trois jours dans chacune des journées des salariés et à un moment donné embaucher. »

“Si nous voyons des points faibles au sein de l'agence, nous trouverons quelqu’un pour lequel ce sera un point fort.” - Côme Jacobée, co-fondateur de l’agence belazar

Nathaël rejoint le sujet. « ... faire grandir les gens dans le temps. Tu t'aperçois que c'est formidable comme on peut apprendre. Si tu formes, dans le digital et dans le pilotage, il y a plein de gens qui ont la capacité d'évoluer. Cela peut répondre à une partie du challenge : faire en sorte que les gens grandissent chez toi plutôt que d'aller à chaque fois recruter à l'extérieur. »

Une agence à l'intérieur d'une agence ?

Nathaël explique l'entrée de Gyro chez DENTSU. « Il y a eu moins d’impact sur l'organisation que sur notre évolution, sur les expertises que l'on ne maîtrisait pas. Notamment la data, même la culture média et le digital. Nous sommes souvent amenés à travailler avec d'autres agences du groupe et cela permet à des équipes de Gyro de se confronter avec d'autres cultures et d'autres profils différents.

Cela apporte énormément de choses en termes de visions plus larges, de la typologie et de la diversité des métiers. Notamment lorsque nous sommes sur des sujets communs de création et de contenus. Cela nous est arrivé récemment sur Velux par exemple avec Carat. C'était vraiment passionnant de voir que les gens des médias ne sont pas forcément exactement comme toi et cela fait grandir tout le monde. Parce que parfois derrière les mêmes mots, tu ne mets pas la même chose. »

Des projets qui font grandir

« Parfois, tu as des clients qui te font grandir. Tout d'un coup, tu te retrouves sur un appel d'offres que tu gagnes et il y a 60% de la mission que tu maîtrises et c'est pour cela qu'ils sont venus te voir, mais il y a 40% que tu ne maîtrises pas complètement.

Et on sait que les clients attendent la stratégie de la création de réussite du delivery. Dans ces cas-là, tu es amené à t'équiper et à faire aussi pivoter tes équipes. Et il y a aussi les équipes elles-mêmes qui te challengent parce qu'à un moment, elles ont envie de changer, d'évoluer et d'apprendre des choses », poursuit Nathaël.

Et Jan de conclure : « Nous avons rajouté au fur et à mesure des formats que l'on savait faire. Nous nous sommes construits sur les besoins de nos clients en faisant du live, de la 3D, du machine-design, de la réalité virtuelle. Et au fur et à mesure, ce sont des briques que nous avons ajoutées. Ce sont des choses que nous avons créées, construites, que l'on a renforcées.

Ce sont des expériences que nous avons rajoutées au fil du temps : nous ne les avons pas inventées. On ne les a pas posées en attendant de savoir si cela pouvait intéresser quelqu'un. Nous avons répondu à un besoin. Ce que l'on continue constamment à faire c'est de se dire C'est quoi le besoin ? Quels sont les besoins du client? et Comment se structurer pour y répondre. »

La croissance continue, mais cette fois, dans le prochain épisode, on parlera « business ».

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