Les talents, véritables talons d’Achille ?
Dans ce second épisode, Grégory Pouy donne la parole à Jérémy Coxet (Vanksen) et Patrick Mercier (Change). Ils nous disent tout sur le juste équilibre entre talents et business. Vous préférez la lecture à la vidéo ? L'essentiel est dans cet article ! Pour ne rien manquer des autres épisodes, inscrivez-vous à notre newsletter.
Dans ce second épisode, Grégory Pouy donne la parole à Jérémy Coxet (Vanksen) et Patrick Mercier (Change). Ils nous disent tout sur le juste équilibre entre talents et business. Vous préférez la lecture à la vidéo ? L'essentiel est dans cet article ! Pour ne rien manquer des autres épisodes, inscrivez-vous à notre newsletter.
La crise a évidemment touché les agences de nos deux invités. Heureusement pour le secteur de la communication et de la création, Jérémy comme Patrick sont plutôt optimistes pour cette année. Selon Jérémy : « On sent une forte reprise de l’activité et une très grande demande en matière digitale. » Ce que Patrick confirme : « On constate qu’en 2022, il y a beaucoup de dynamisme et d’envie de réaliser de nouvelles opérations. ».
Aujourd’hui, certains se demandent : « Est-ce que l’on peut continuer à travailler avec vous, même si on quitte Paris ? ». - Patrick Mercier, directeur général de Change
Quand Grégory pose la question de ce qui a changé, Patrick est catégorique : « À peu près tout. Personne n’avait vraiment prévu cette flambée du télétravail. » Pour réagir face à ces modifications en profondeur, nos deux invités ont dû se réinventer.
Ces changements au sein des agences sont indispensables afin de s’adapter aux nouveaux challenges. C’est ainsi que Jérémy les résume : « On a un vrai changement au niveau des ambitions et des attentes de la part des collaborateurs. »
Patrick a déjà lancé plusieurs chantiers au sein de son agence afin d’anticiper les nouvelles méthodes de travail, notamment avec son pôle RH en se posant une question centrale : « C’est quoi l’agence idéale pour garder et capter les talents de demain ? »
Le risque que les deux dirigeants voient dans cette hausse du télétravail et cette volonté de distanciation, c’est la dissolution de la culture d’agence. Car pour Jérémy, cette vie d’agence est faite de choses simples qui créent du lien, un véritable esprit d’équipe. Lui et ses collaborateurs réfléchissent désormais à d’autres moyens de recréer ce lien : « Il faut surinvestir maintenant pour donner des occasions aux collaborateurs de retrouver un peu ces moments de partage, mais peut-être plus organisés et portés par la direction. »
« Le risque c’est que la culture de la boîte s’effrite. On l’a plus ou moins vécu. » - Patrick Mercier, directeur général de Change
Une des premières questions qui est posée par un candidat lors d’un entretien, c’est : « Qu’est-ce que vous proposez en termes de souplesse et de flexibilité du travail ? » - Jérémy Coxet, associé de Vanksen
Avec ce nouvel équilibre à trouver, le recrutement des talents est devenu un véritable défi. Dans le digital, ce ne sont plus les candidats qui sont en compétition, mais les agences qui cherchent à les recruter.
Comme l’explique Jérémy de Vanksen : « Chez nous, comme on travaille essentiellement en digital, on recherche des profils qui se font draguer par tout le monde. Aujourd’hui, il y a une vraie concurrence. On est pris en étau de tous les côtés. ».
Un étau qu’il présente ainsi :
- les startups, qui lèvent énormément d’argent;
- les annonceurs qui se sont rendu compte qu’il fallait qu’ils s’entourent de profils digitaux;
- les sociétés par actions simplifiées avec un modèle de scalabilité financièrement intéressant.
Patrick répond sans hésiter : « Les profils digitaux en premier. En deuxième, les ressources en design. » Cette quête est rendue encore plus difficile à cause de la tension exercée sur les talents pour trouver les bonnes personnes et les bons spécialistes. En outre : « Désormais, beaucoup de gens veulent passer freelance ou veulent changer de vie. ».
De nos jours, les talents se font rares et se font désirer.
La valeur au sens large est un sujet clé pour nos deux invités. Comme le dit Grégory, « Le problème des agences c’est que pour pouvoir payer les salariés correctement, il faut pouvoir facturer les clients au juste prix.» Patrick de l’agence Change a trouvé la solution : « Essayer d’obtenir des rémunérations régulières en conseil, en accompagnement stratégique et en élaboration de plan de communication. » Cette décision est motivée par la volonté d’échapper à la grande concurrence sur les frais techniques.Ce risque de perte de valeur en compétences se combine à la perte de valeur financière. C’est d’ailleurs sur ce point qu’insiste Jérémy : « On est aussi pris en étau à cause de l’inflation très importante en zone euro. Nous, on a un système d’indexation automatique des salaires qu’il faut arriver à valoriser auprès des annonceurs. ».
« Il y a une tension sur les coûts. Dans nos activités la masse salariale représente 67 % des revenus. Donc, le moindre écart a des conséquences. » - Patrick Mercier, directeur général de Change
Il faut donc équilibrer les résultats pour pouvoir récompenser les gens. Une alchimie complexe à mettre en place !
Pour Jérémy, pouvoir porter une croissance organique aujourd’hui demande des moyens. Et ces moyens il les a trouvés en intégrant un groupe : « Cela nous a permis de développer des unités commerciales, des nouveaux métiers au sein du digital, d’ouvrir des nouveaux bureaux et d’aller chercher des nouvelles expertises. ».Quant à intégrer un groupe, Patrick défend la fusion et l’acquisition comme le destin de n’importe quelle agence à long terme : « On a fait quelques opérations de croissance externe pour renforcer certaines expertises, notamment dans le digital ou le design. Pour des agences, comme les nôtres, il n’y a pas 50 solutions. ».Malgré cela, il ne faut pas mettre de côté la culture. Jérémy insiste sur l’importance du mélange culturel : « Le côté culturel, il est crucial. On est dans du « people business ». Ce n’est pas une ligne de production, une usine ou autre. C’est la qualité des gens qu’on vient acheter, les expertises, les talents. ».
« Finalement, nous faisons plus que du commerce. Chez nous, on ne parle ni de vendeur ni d'acheteur. Il s’agit d’un contrat de mariage. » - Jérémy Coxet, associé de Vanksen
En conclusion, recruter des talents est un challenge en perpétuel mouvement !
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